Cet été à nouveau, le patron du label Heavenly Sweetness nous écrit pour partager les trésors de sa discothèque. À lire et écouter sans modération. Aujourd’hui, du jazz… estival.
La fin de l’été arrive, je ne vais pas vous refaire le coup du blues du plagiste, donc on va finir en beauté avec des disques de jazz, qui est un peu la spécialité de la maison et une grosse partie de ma collection de vinyles. Et pour terminer, j’ai reçu une belle carte postale du cowboy du jazz : Laurent Bardainne
Stan Getz et João Gilberto avec Antônio Carlos Jobim — Getz / Gilberto (Verve – 1963)
Voilà un disque de jazz qui fait instantanément penser à l’été ! Dès les premières notes, on est télétransporté à Rio de Janeiro, un Dry de schweppes à la main 😉
Ce vinyle a une saveur particulière pour moi, car c’est un des premiers disques que j’ai trouvés en brocante… il y a bien longtemps. J’avoue que j’ai un peu hésité à vous en parler, d’une part car il s’agit d’un méga-standard du jazz que vous connaissez presque tous, mais aussi parce qu’on pourrait accuser le saxophoniste américain Stan Getz d’appropriation culturelle avec la bossa nova. Mais comme la bossa nova est elle-même une musique mariant le jazz américain avec la musique brésilienne, on peut considérer que c’est un peu la réponse du berger à la bergère.
En plus, Stan Getz s’est entouré de deux des créateurs du mouvement bossa nova : João Gilberto et Antônio Carlos Jobim. L’idée de génie étant cette version de « A garota de Ipanema » chantée en Anglais par la sublime voix de Astrud Gilberto, la femme de João. Stan Getz n’était pas à son coup d’essai avec la bossa nova, puisqu’il avait déjà enregistré deux albums que je vous recommande également « Jazz Samba » avec le guitariste Charlie Byrd et « Jazz samba encore !» avec le guitariste brésilien Luiz Bonfa. C’est d’ailleurs sur cet album que vous trouvez un de mes morceaux préférés ever « Saudade vem Correndo », intelligemment samplé par The Pharcyde pour leur « Runnin’ » estival. Un autre de mes all time classics.
Emanuel K. Rahim & The Kahliqs — Total Submission (Cobblestone – 1972)
Là on s’attaque à un disque beaucoup moins connu que le Getz / Gilberto, mais tout aussi bon, c’est aussi l’occasion de vous parler de latin jazz qui est une autre de mes passions jazzistiques. J’aurais pu vous parler de Dizzy Gillespie, Tito Puente, Ray Barreto ou Harlem River drive, mais autant vous faire découvrir autre chose.
On ne trouve pas beaucoup d’infos sur le percussionniste Emanuel K. Rahim, à part qu’il a changé de nom, au début des 70’s comme beaucoup de jazzmen lié à l’afrocentrisme et au spiritual jazz. Son patronyme auparavant était Juan Amalbert, et là il y a beaucoup plus d’informations, car il s’agit de l’un des fondateurs du Latin Jazz Quintet, superbe quintet de musique du même nom. Je vous recommande leur collaboration avec Pharoah Sanders sur le LP Oh Pharoah speak. On y retrouve même une version différente de « Spirit of truth »
Sur cet album, une avalanche de percussions, des solos de cuivre dans tous les sens, et des beaux thèmes de piano, bref, tous les ingrédients du latin jazz. Avec des morceaux dansants, mais aussi des ballades plus calmes. Et comme d’habitude, cette belle pochette renforce encore plus le plaisir d’écoute ! À noter que cet album qu’on peut trouver assez facilement a été réédité quelques années plus tard sur le label Muse.
Tarika Blue — Tarika Blue (Chiaroscuro – 1977)
Lors de la première saison de cette série, je vous avais parlé de Roy Ayers et des Mizell brothers, on va donc clôturer cet été avec du jazz funk ! Qu’est-ce que c’est bon d’écouter du jazz-funk au soleil !
Tarika blue est d’ailleurs lié à Roy Ayers pour qui ils ont souvent fait des premières parties (ainsi que pour Mahavishnu Orchesta), on est dans le jazz fusion avec des synthétiseurs, des énormes lignes de basse. L’album alterne des titres planants et d’autres beaucoup plus funky avec une belle voix féminine. Des titres comme « Dreamflower », « Love it » ou « Truth is the key » sont des classics du rare groove. À noter la participation sur cet album du formidable James Mason, qui sortira sur le même label son séminal « Rhythm of life ».
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Vous connaissez la tradition, chaque semaine je demande à un artiste du label de parler d’un des vinyles préférés de sa collection. Cette semaine, on parle de jazz, j’ai donc tout naturellement demandé à Laurent Bardainne… Et j’ai reçu cette étrange carte postale…
14 août, 10h du matin, île de Sifnos, Grèce.
Surplombant la colline, les pieds dans la piscine de notre villa, j’observe aux jumelles des influenceuses qui font du paddle-yoga sur la plage. Je renverse un peu de mon 2ème daïquiri sur mon kimono blanc en remettant le début du solo de Webster sur « Byebye ! Black bird » et là le manque de toi me déchire les tripes comme une mine antipersonnelle. Franck Descollonges, où es-tu à cet instant ? Que deviennent tes cheveux de satin et tes muscles de bronze ? Comment se passe ton stage d’équitation naturiste ? Penses-tu seulement à moi ?
Ben Webster Meets Oscar Peterson (Verve – 1959)